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Bien plus savante ; apprenant de ceci :
Qu’un mari peut aller à la campagne,
Sans pour cela qu’en ce siècle poli,
À la maison sa charmante compagne
Demeure oisive ou sans Tirliberly,
Et que souvent, loin d’y perdre, elle y gagne.


LA PLUME DE L’AMOUR.


Une femme avec amant,
Se donnait licence parfaite
Elle tenait d’une main satisfaite
Ce sceptre, le premier vraiment ;
Beau sceptre, qu’à prix d’or ni de sang, on n’achète
Pour un pareil joyau (je le dis franchement)
Si l’on pouvait en faire emplette,
Je combattrais comme un athlète,
Ou donnerais tout mon vaillant :
Mais reprenons notre aventure.
Certain Damon, survenu là,
Par le trou peu discret d’une large serrure,
Tranquille spectateur, regardait tout cela.
Le sceptre bas, notre amant se retire ;
Verroux d’être ôtés doucement ;
Damon d’entrer, la Dame de lui dire :
— Pardon ! si vous avez attendu quelque instant,
J’écrivais. — Oh ! — repart avec un prompt sourire
Damon — que vous devez bénir votre destin !
C’est l’amour qui vous fait écrire ;
Vous aviez sa plume à la main !!!