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JUPITER ET JUNON.


Jupiter s’ennuyait aux cieux ;
Il n’y voyait que des déesses.
Ô princes ! qui n’aimez qu’en dieux,
Vous baillez près de vos princesses !

En vain, il passait tous les ans
Des plus belles aux plus gentilles ;
Malgré leurs charmes séduisants,
n’était pour lui pâtés d’anguilles.

Toujours la reine du printemps ;
Toujours Vénus ; toujours l’Aurore ;
Hébé, vous étiez jeune encore,
Mais c’était depuis si longtemps.

Ah ! dans la céleste demeure
Il faut jouer la dignité ;
Ce ton lasse au premier quart d’heure.
Jugez durant l’éternité !

Il quitta les sempiternelles,
Et j’en aurais bien fait autant :
Il vint dans les bras de nos belles,
Et l’on n’est dieu qu’en l’imitant.

Junon, dans sa jalouse flamme,
Fit grand bruit de ses trahisons.
Elle avait tort par cent raisons :