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Je choisis là de vieux crayons,
Et ressuscite la chimère
Des Hylas et des Corydons,
Mourant d’amour sur la fougère,
Et bien plus sots que leurs moutons.
Va, Zulmé, fournis ta carrière ;
Il est tant de mortels blasés,
Tant de petits seigneurs usés,
Qui réclament ton savoir-faire !
Exerce tes jolis talents
Sur quelques tous mélancoliques ;
Attaque des tempéraments
Russes, anglais ou germaniques ;
Voilà, crois-moi, voilà tes gens.
Pour moi, je hais trop l’artifice.
Et je tiens trop aux sentiments.
Sais-je évaluer un caprice !
Sais-je priser de faux serments !
Trompe, désespère, tourmente
Les oisifs qui sont tes amants :
Poursuis, coquette de vingt ans,
Ta couronne est encor brillante ;
Mais c’est à trente où je t’attends.


LE MAQUEREAU.


Un homme d’une humeur gaillarde,
Appela quelqu’un « maquereau : »
Qui lui répliqua bien et beau :
« Que votre épouse est babillarde ! »