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Pour t’assurer de leurs tourments ;
Quand je surpris une âme aride,
Sous le masque des sentiments ;
Lorsque, pour suivre une conquête,
Je te vis, avec tant de feu
Mettre cent passions en jeu,
Avec l’amour-propre à leur tête ;
Prompt alors à me dégager,
Et plein d’un sang-froid qui m’étonne,
Je m’écriai : « Qu’elle est friponne !
« Et quel plaisir de m’en venger ! »
Bref, la guerre entre nous commence.
J’abjurai vite mon amour,
Et n’en gardai que l’apparence :
Tu m’enhardis le premier jour ;
Le second (j’en ris quand j’y pense),
Tu fis un effort de décence.
Les dédains même eurent leur tour ;
Je me tins prêt à la défense.
À cet acte d’hostilité,
J’oppose une autre batterie :
J’encourage ta perfidie
Par un désespoir simulé.
Bientôt mon air d’indifférence
Arme l’orgueil de tes appas :
Nouvelle attaque, autres combats ;
Nous déployons notre science,
C’est à qui sera le plus faux.
De l’art, épuisant les chefs-d’œuvre,
Je déconcerte ta manœuvre
Et contre-mine tes travaux.
Ta prudence en vain se ménage