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— Comment, coquine ? — Eh quoi ! vous êtes en colère.
Ma faute est-elle volontaire ?
J’ai refusé d’y consentir.
Je disais pour vous avertir :
« Je suis malade, j’ai… » La chose était bien claire ;
Et puis, de voir mon placet tout d’abord
Vous auriez dû prendre la peine. —
Elle avait raison Madeleine :
Et monseigneur, sentant son tort,
Promit qu’à l’avenir, crainte d’erreurs nouvelles,
Il lirait les placets, surtout ceux des pucelles.


LE PARDON.

CONTE.

À son voisin, la gentille Isabelle
Fut se plaindre de son époux,
Qui, toujours lui cherchait querelle.
« Croyez-moi, — dit-il, — vengez-vous. »
Le conseil plut fort à la belle.
Le galant fut choisi pour servir son courroux.
À chaque heure du jour, c’était nouvelle plainte :
Notre couple à l’envi signalait son ardeur.
Mais la colère du vengeur
En moins de huit jours fut éteinte.
De tout on se lasse à la fin.
La belle, que toujours la vengeance aiguillonne,
Six fois fut se plaindre un matin.
« — Oh ! pour le coup, — dit le voisin,
Je suis chrétien, je lui pardonne. »