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L’AMOUR ET LA FOLIE.

ODE ANACRÉONTIQUE.

J’avais juré d’être sage,
Mais avant que j’en fus las ;
Ô Raison ! c’est bien dommage
Que l’ennui suive tes pas.

J’eus recours à la Folie ;
Je nageais dans les plaisirs.
Le temps dissipa l’orgie,
Et je perdis mes désirs.

Entr’elles je voltigeai ;
L’une et l’autre se ressemble,
Et je les apprivoisai
Pour les faire vivre ensemble.

Depuis, dans cette union,
Je coule ma douce vie :
J’ai pour femme la Raison,
Pour maîtresse la Folie.

Tour à tour mon goût volage
Leur partage mes désirs ;
L’une a soin de mon ménage,
Et l’autre de mes plaisirs.