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Dans ces réduits si pleins de charmes
Priape était représenté
Avec son sceptre, avec des armes
D’une merveilleuse beauté…
Quelles armes !… dont la blessure
Fait couler un plaisir flatteur !
Divin Priape, à ta piqûre
S’émeut le plus farouche cœur !
Heureuse la nymphe légère
Qui, trompant sa jalouse mère,
Peut saisir un poignard si doux ;
Qui, sentant tressaillir son âme
De la volupté qui l’enflamme,
Et meurt et revit de ses coups !
Pour nous, vil peuple, race étique,
De cette armure magnifique
Nous portons un léger fragment,
Ce qu’à Priape, la nature
Donna si littéralement,
Nous ne l’avons qu’en miniature.
Sans être Gascon sur ce point
Cependant je ne m’en plains point.

Mais pourquoi ma muse cynique,
Osant d’un œil audacieux
Percer dans les secrets des dieux,
Recherche-t-elle un saint antique ?
Il s’en présente dans ces lieux,
Qui vaut Priape et beaucoup mieux ;
C’est le benoît saint Guignolé,
Qui, fuyant sa triste patrie,
Où régnait Bellone en furie,