Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je découvris ses plus secrets appas.
Dormait toujours la gentille pucelle.
Ou le feignait, car n’ouvrait la prunelle ;
Jamais sommeil ne fut plus apparent.
De l’éveiller me prit la fantaisie,
Et me souvins qu’en cas peu différent,
J’avais guéri femelle assez jolie,
De certain mal qu’on nomme pamoison.
Peut-être encore c’est ce mal ; que sait-on
Or, quel malheur ! si telle maladie
Faisait mourir sans secours Madelon !
Sans plus tarder, j’appliquai le remède ;
Prêt il était, et n’avait besoin d’aide :
Du premier coup la tirai du sommeil.
Lors Madelon se frottant la paupière :
Bon gré, — me dit, — vous sais de mon réveil,
Et grand plaisirs vous m’avez fait, compère.
Viendrai dormir tous les jours en ce lieu ;
Puisque si bien savez comme il faut faire,
Pas ne manquez de m’éveiller ! Adieu.


LA PÉCHERESSE.

Au lit de mort, une vieille à confesse,
Qui cinquante ans sous Vénus travailla,
À Bourdaloue exagérait sans cesse
Les doux plaisirs dont amour la combla
Oh ! ça, — lui dit l’enfant de Loyola,
Songez à Dieu — Je le voudrais, dit-elle,
Mais j’ai toujours un bougre de vit là,
Même en mourant, qui me fout la cervelle.