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Avez-vous la tête si dure ?
Certain endroit que connaissez,
Puisqu’il faut que je vous le dise,
C’est l’endroit par où vous pissez.
Eh bien ! m’entendez-vous, Alise ?
— Mon frère, excusez ma bêtise,
Répond Alise, baissant les yeux.
Suffit, j’y ferai de mon mieux ;
Grand merci de votre recette ;
J’y cours car le mal est pressé.
— Quand votre mal sera passé,
Venez me voir, Alisonnette,
Dit le frère, — et n’y manquez pas.

Soir et matin à la renverse,
Elle prend remède à soulas ;
Enfin, l’abcès mûrit et perce.
Alison, saine, va soudain
Rendre grâce à son médecin,
Et du remède spécifique
Lui vante l’étonnant succès.
Pascal, d’un ton mélancolique,
Lui repart : Un pareil abcès
Depuis quatre jours me tourmente ;
Vous seriez ingrate et méchante,
Si vous me refusiez le bien.
Que vous avez par mon moyen.
Alix j’ai besoin de votre aide,
Puisque vous portez le remède
Qui sans faute peut me guérir.
Eh quoi ! me verrez-vous mourir
Après vous avoir bien guérie ?