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L’AIMABLE JEU !

CONTE.

Pour amortir le feu de paillardise,
De cinq contre un, vive l’aimable jeu !
Des beaux esprits, écoliers, gens d’église,
C’est le refrain ; avec eux, en tout lieu,
Faisant Chorus, d’une voix de chanoine,
Je vais chanter : pour amortir le feu
Qui, sous le froc, consume plus d’un moine,
De cinq contre un, vive l’aimable jeu !

Ce doux ébat nous vient aussi d’un Dieu,
Dieu bienfaisant, et père de l’adresse,
Subtil matois qui préside au larcin,
Qui n’eut jamais femme, enfant, ni maîtresse ;
Et qui partant n’eut jamais de chagrin.
À ces traits seuls on reconnaît Mercure.
Or, pour complaire à son père Jupin,
Ce Dieu jadis, courtois de sa nature,
Ainsi qu’on sait, l’escortait en ces lieux,
Quand pour la terre, il descendait des Cieux.
Et que lassé des beautés immortelles,
Il s’amusait à caresser nos belles.

Un certain jour venant incognito,
Entretenir sa nymphe Calisto,
Le roi des Cieux, de peur que son épouse
Ne le surprit dans sa fureur jalouse,
Avait prié le beau fils de Maïa
D’être aux aguets. Ce Dieu qui s’ennuya,