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Ainsi qu’aux bords du Nil, on fuit le crocodile.
Il est temps de penser à faire mon salut ;
L’âme se porte mal quand le corps est en rut.
Lorsque l’affreuse mort, au sec et froid squelette.
M’aura, devant le juge, assis sur la sellette,
Cent mille coups de cul, ne me sauveront pas
Du foudroyant arrêt de l’éternel trépas.
C’est vous, qui le premier, avez fait tomber l’homme
Par l’attrait séducteur de la fatale pomme ;
Mais vos culs, dans l’abîme, en ont plus descendus
Que n’auraient jamais fait, tous les fruits défendus.
C’est avec vos filets, que Satan nous attrape ;
C’est vous, qui nous poussez sur l’infernale trappe :
Vous séduiriez, morbleu ! je crois, tous les élus !
Adieu, beau sexe, adieu, vous ne me tentez plus !!!


LE CONFESSEUR JUDICIEUX.

Certain Français, habitant de Florence,
Se confessait du péché de la chair
À Père Isaac, qui lui dit : — Parlez clair.
Le cas est-il de Toscane ou de France ?
Expliquez-vous, ce point est important. »
« Peu m’en souviens, — dit l’autre en hésitant ;
Le tout se fit à l’aventure. »
Le confesseur trouvant la chose obscure :
« Cela, — dit-il, — faisait-il ric ou rac ?
« Ric, — répondit le pénitent sincère.
« Parbleu ! le cas, — reprit le Père Isaac,
Est du toscan, n’en doutez pas compère. »