Page:Piron - Poésies badines et facétieuses, 1800.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’HOSPITALIÈRE.

CONTE.

Sœur Luce, jeune hospitalière,
Pour un jeune convalescent
Sentait tout ce qu’un cœur ressent
Dans l’accès d’une ardeur première.
Je laisse à penser la manière
Dont fut servi l’adolescent :
Mille soins, font sur son visage
Renaître les plus belles fleurs,
Et le brûlent de mille ardeurs
Pour la belle qui le soulage.
Un moment donc qu’il se livrait
Au doux espoir d’être aimé d’elle,
À l’instant accourut la belle ;
Il en sentit croître son feu.
La nature à l’amour fidèle
Dans le moment joua son jeu ;
Et pendant que l’amour appelle
La formule d’un tendre aveu :
« — Mon cher enfant, — s’écria-t-elle,
« Guérissez ma crainte mortelle,
« Parlez, de quoi soupirez-vous ? — »
Là, sa voix craintive s’arrête,
Et toute tremblante, elle apprête
Sa main pour lui tâter le pouls.
Mais que l’amour a de malice !
Qu’il sait bien conduire un dessein !
Le convalescent prend la main
De la secourable novice,