Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 2.djvu/224

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le nouveau roi m’aborde ; et me tendant la main,
Honteux de mes liens les détache lui-même.
"Pour prémices, dit-il, de mon pouvoir suprême,
Madame, je vous rends à votre illustre fils.
Que son épouse et m’aime et m’estime à ce prix !
Allez ; et de la paix soyez le premier gage.
Mon cœur n’en goûtera de longtemps l’avantage.
C’est pour l’y rétablir que je vais m’éloigner,
Et ne mettre mes soins désormais qu’à régner. "
Frédéric, à ces mots, qu’un soupir accompagne,
Me laisse, et fait partir la flotte qu’il regagne,
Tandis que sur ces bords on ramène avec moi
Le monstre dont la rage y sema tant d’effroi.


Scène VI


Gustave, Adélaïde, Léonor, Casimir, Sophie.

casimir

L’allégresse partout, seigneur, vient de renaître.
Christierne enchaîné devant vous va paroître.
Son sang sur le rivage eût aussitôt coulé,
Et le peuple en fureur l’eût cent fois immolé :
Mais on vous eût privé du plaisir légitime
D’égaler, s’il se peut, le châtiment au crime.
De la mort dont pour vous il ordonna l’apprêt,
Vous-même, vous allez lui prononcer l’arrêt.