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Qui, dans l’attente enfin d’un échange odieux,
Des deux peuples sur moi fixe à présent les yeux.
Justice, amour, honneur, tout veut que je me livre.
Madame, encouragez ma mère à me survivre :
Pour recevoir ses pleurs ouvrez-lui votre sein :
Soyez-vous l’une à l’autre une ressource ; enfin,
Pour Stockholm et pour vous, cessez d’être alarmée.
Je vous laisse au milieu d’un peuple, d’une armée
Dont ma victoire a fait d’invincibles remparts…
Mon cœur est pénétré de vos tristes regards ;
L’amour me fait sentir tout le prix de la vie ;
Mais j’aurai délivré ma mère et ma patrie,
Je vous aurai laissée au trône en vous quittant ;
Mourant si glorieux, je dois mourir content.
Du plus lâche abandon déjà l’on me soupçonne :
Sous le fer menaçant la victime frissonne ;
Et chaque instant qu’ici j’accorde à mon amour,
C’est la mort que je donne à qui je dois le jour…

À Sophie.

Adieu… retenez-la.

adélaïde

se jetant au devant de lui.

Vainement on l’espère.

gustave

Eh ! Que prétendez-vous ? Laisser périr ma mère ?

adélaïde

Non ; mais t’accompagnant, je veux…