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Scène III


Gustave, Adélaïde, Casimir, Sophie, soldats.

gustave, à ceux qui le suivent

Soldats, qu’on se retire, et que le meurtre cesse :
Que le sang le plus vil, devenu précieux,
Témoigne que c’est moi qui commande en ces lieux.

Appercevant & abordant Adélaïde.

Ô faveur, que du ciel je n’osois presque attendre !
Que de grâces déjà n’ai-je pas à lui rendre ?
Madame, vous vivez ; et, par d’heureux moyens,
Les secours de Sophie ont secondé les miens.
Vous vivez ! Quelle crainte en mon cœur est cessée ?
Dans quel état affreux je vous avois laissée,
Pour courir assurer un succès balancé
Par l’ennemi qu’enfin nos armes ont chassé !

adélaïde

Hélas !

gustave

Votre vengeance eût été mieux servie :
Il eût avec le trône abandonné la vie ;
Mais des soins plus sacrés me pressoient tour à tour :
J’avois à rassurer la nature et l’amour.
Vous et ma mère avez favorisé sa fuite ;
Vous avez l’une et l’autre arrêté ma poursuite.