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Son rival importun, l’horreur de ma prison,
Occupoient de trop près mon cœur et ma raison.
Aux soupçons, toutefois, si votre âme est livrée,
Dans le séjour affreux dont vous m’avez tirée
Renvoyez-moi traîner le reste de mes jours ;
Ou, moins sévère, hélas ! Terminez-en le cours :
Mais ne me forcez point à me noircir d’un crime,
À trahir un amant fidèle et magnanime,
À qui ma bouche a fait les serments les plus doux ;
Qu’elle-même a déjà nommé du nom d’époux.
Veut-on qu’Adélaïde infidèle, parjure…

christierne

Rompons, rompons le nœud d’où naîtroit cette injure.
Gustave en expirant va vous en affranchir.
Je ne vous laisse plus le temps d’y réfléchir.
Aussi bien l’on conspire, et je dois un exemple…
Appelant.
Holà ! Gardes.

adélaïde

Seigneur, qu’on me conduise au temple.
Contentez Frédéric, et le faites chercher ;
Qu’il vienne : sur ses pas je suis prête à marcher.

christierne

De vous servir encor vous le croyez capable ;
Mais vous comptez en vain sur l’appui d’un coupable,
Qui, trop longtemps rebelle à mon autorité,
Lui-même ici n’a plus ni voix, ni liberté.
Nous saurons achever, sans lui, cet hyménée.
Venez, madame.