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Scène IX


Christierne, Adélaïde.

christierne

Mais consultez-vous bien ; et songez qu’aujourd’hui
L’effort seroit funeste à bien d’autres qu’à lui ;
Que si le fils périt, la mère est condamnée ;
Que Stockholm, à la flamme, au fer abandonnée,
Regorgera du sang de tous ses citoyens.
Balancez maintenant mes avis et les siens.

adélaïde

Quelles extrémités, et quel arrêt terrible !
Vous n’adoucirez point ce courroux inflexible !
Quelle raison peut donc si fort intéresser
À ce fatal hymen où l’on veut me forcer ?
Les droits que la naissance attache à ma personne ?
Ah ! S’il m’en reste encor, je vous les abandonne.
La fortune aujourd’hui vous les a confirmés.
Jouissez-en. Jamais les ai-je réclamés ?
Ces droits, depuis dix ans, cédés au droit des armes,
Ont-ils eu jusqu’ici quelque part à mes larmes ?
Les ai-je, un seul instant, regrettés ? Non, seigneur,
Toute ambition cesse où règne la douleur.
De mon père égorgé la déplorable image,
De mon amant proscrit la mort ou l’esclavage,