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Je te l’ai dit ; celui qui t’eût fait succomber,
Sait arracher la palme, et non la dérober.
Aux attentats ma main ne s’est point éprouvée.
À la tête des miens la princesse enlevée,
Je t’aurois donc offert la victoire ou la mort,
Et le droit du plus brave eût réglé notre sort.
Tels étoient mes projets. Le destin qui nous joue,
Couronnant le plus lâche, ordonne que j’échoue ;
Tu règnes, et je meurs : triomphe, mais, crois-moi,
Ton bonheur sera court ; triomphe avec effroi !
Tant de calamité que Stockholm a soufferte,
Mes soins et mon exemple ont préparé ta perte.
Elle suivra la mienne, et la suivra de près.
Sois maître de mes jours ; et, tandis que tu l’es,
Éprouve ma constance au milieu des supplices.
Je n’y dirai qu’un mot. C’est que j’eus pour complices
Tous les gens vertueux qu’ont lassés tes forfaits.
Je ne les trahis point. Tu n’en connus jamais.

christierne

Ce mot seul va coûter bien cher à ta patrie.
Moins tu veux la trahir, plus tu l’auras trahie.
À qui tout est suspect tout est indifférent.
Le sang des suédois coulera par torrent…
Que sur un échafaud le tien les en instruise !
Vas-y trouver la mort… gardes, qu’on l’y conduise,
Et que, dans un moment, je me sache obéi.