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Scène VII


Gustave, Christierne, Rodolphe, gardes.

christierne

Gustave, il n’est pas temps encore de mourir.
Il faut auparavant ou me tout découvrir,
Ou t’attendre à languir longtemps dans les tortures.
Réponds. à quoi tendoient toutes tes impostures ?
Est-ce à l’assassinat qu’aspiroit ta vertu ?
Quel espoir, quel dessein, quel complice avois-tu ?

gustave

Si la nature en moi tantôt eût pu se taire,
Sourd à la voix du sang, si j’avois pu me faire
Un cœur aussi farouche, aussi bas que le tien,
Je ne subirois pas ce funeste entretien.
Je veux bien m’abaisser encore à te répondre,
Et c’est pour t’obéir moins que pour te confondre.
Tâche à te rappeler ici tous mes discours ;
Tu n’y remarqueras que de légers détours,
Sous qui la vérité, maintenant reconnue,
À d’autres yeux qu’aux tiens eût paru toute nue.
Mais la soif de mon sang, qui te les fascinoit,
Vers l’erreur, à mon gré plus que moi t’entraînoit.
Sois sûr qu’un vrai courage animoit l’entreprise.
On n’assassine point l’ennemi qu’on méprise.