La seule piété nous ravit la victoire.
Sur le point de vous rendre un fils couvert de gloire,
J’ai craint de vous laisser pour otage en ces lieux ;
Et, voulant vous sauver, je péris à vos yeux.
Daignez, pour prix d’un soin si funeste et si tendre,
(Si pourtant le devoir a des prix à prétendre),
Daignez ou retenir ou me cacher vos pleurs.
Dérobons un triomphe à nos persécuteurs.
Gustave, à peine ému de sa propre misère,
Oseroit-il s’offrir pour exemple à sa mère ?
Que perdez-vous, madame ? Un fils déjà pleuré ;
Mais moi qui vois la mort d’un visage assuré,
Que de regrets mortels au moment où j’expire !
Je perds, avec la vie, une mère, un empire,
D’incroyables travaux le fruit presque certain,
Ma gloire, ma vengeance, Adélaïde, enfin.
Pour tout laisser… hélas ! à qui ?
Qu’on me soutienne.
Ma mère ! Mais ses yeux ne s’ouvrent plus qu’à peine…
Au soldat qui a le sabre levé sur lui.
Elle se meurt !… Soldat, frappe ! Délivre-moi
De tant d’objets d’horreur, de tendresse et d’effroi :
Frappe.
Prenez soin d’elle : emmenez-la, Sophie ;
Et que votre secours la rappelle à la vie.