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Scène VI


Gustave, enchaîné ; Léonor, Christierne, Rodolphe, Sophie, gardes.

christierne

Tiens, regarde ces fers.
Est-ce là donc un prix digne de tes reproches ?
Suis-je accusable encor du meurtre de tes proches ?…
Qu’il périsse, et qu’enfin ce coup nous rende amis !…
Aux gardes.
Qu’on l’immole : frappez.
Un soldat lève le sabre sur la tête de Gustave.

léonor

retenant le bras du garde.

Arrête.

christierne

Ah ! C’est ton fils.

gustave

Oui, je le suis. Je fais cet aveu sans contrainte.
Pour d’autres que pour moi j’eus recours à la feinte ;
Mais mon propre péril me défend d’en user,
Et je le sens trop peu pour daigner t’abuser.

léonor

embrassant Gustave.

Ô sang d’un cher époux ! Fils d’un malheureux père ;
Dans quel état le sort te rend-il à ta mère ?

gustave

Madame, excitez moins un tendre sentiment
Qui de notre malheur vient d’être l’instrument.