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christierne

Son récit, ce billet, tous ces bruits…

rodolphe

Étaient faux.

christierne

Et le traître, dis-tu, qui tramoit ces complots…

rodolphe

Est en nos mains. De plus, par un bonheur extrême,
Cet inconnu, je crois, est Gustave lui-même.

christierne

Gustave ! D’où te naît ce soupçon ?

rodolphe

De tout l’or
Offert à l’un des miens, qui gardoit Leonor.
Dans ses empressements pour cette prisonnière
On a cru voir un fils alarmé pour sa mère.
Le garde, incorruptible, a feint de l’écouter.
Par ce moyen, sans bruit, on a su l’arrêter.
Je l’ai vu. Sur son front, au lieu de l’épouvante,
Sont peints le fier dépit et la rage impuissante.
Ses regards dédaigneux, un silence obstiné,
Tout me l’annonce tel que je l’ai soupçonné.
Quand vous le reverrez, vous jugerez de même ;
Mais, pour nous en convaincre, usons de stratagème.
Il ne peut être ici reconnu que des siens,
Moins prêts à resserrer qu’à rompre ses liens.
Songeons donc à percer prudemment ce mystère.