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Et j’aurai préparé ma honte et leurs supplices ?
Que dis-je ? Malheureux dans tous mes sacrifices,
J’adore Adélaïde et j’en suis estimé,
Je survis au rival qui seul en est aimé,
Tout me force ou m’invite à m’en rendre le maître,
Seul je me le défends, et vous prétendez l’être ?
Du prix de cet effort je serai plus jaloux ;
Je me suis immolé pour elle, et non pour vous.
L’appui de Frédéric ne sera point frivole :
Vous oserez me perdre, ou je tiendrai parole ;
Oui, d’un si juste prix vous paierez mes bienfaits,
Ou vous vous souillerez du plus noir des forfaits.

christierne

le retenant.

Demeurez. Je ne veux vous perdre, ni vous craindre ;
Mais j’ai, de mon côté, comme vous à me plaindre,
Et, laissant là le ton dont vous m’osez parler,
Perfide ! Cette nuit où vouliez-vous aller ?…
Gardes !

frédéric

J’ai mérité que le méchant m’accable.
Je fus son bienfaiteur. Poursuis, ciel équitable !
Protège Adélaïde, en foudroyant l’ingrat ;
Et que ce soit ici son dernier attentat !

christierne

En imprécations l’impuissance est féconde.

Frédéric sort.