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Je prétends qu’entre vous toute liaison cesse ;
Et j’aurois déjà dû vous avoir déclaré
Que ce n’est pas pour vous que l’autel est paré.

frédéric

Eh ! Pour qui donc ?

christierne

Pour moi.

frédéric

Pour vous ?

christierne

Oui, pour moi-même.
Je l’épouse… d’où vient cette surprise extrême ?
Quel autre dans ma cour, dégageant votre foi,
Pouvoit plus dignement vous remplacer que moi ?

frédéric

Est-ce moi ? (moi pour qui son cœur est tout de glace)
C’est celui qu’elle aimoit qu’il faut que l’on remplace ;
Et si quelqu’un le peut dignement remplacer,
Je ne reconnois qu’elle en droit de prononcer…
Quoi ! Seigneur, c’est donc là l’usage que vous faites
Des droits de ma naissance et du rang où vous êtes ?
Mes refus généreux vous ont-ils couronné,
Ce rang qui fut le mien, vous l’ai-je abandonné
Pour voir déshonorer l’éclat du diadème,
Pour voir gémir le foible, et pour gémir moi-même ?
Ainsi, vous confiant le plus saint des dépôts,
J’ai cru de plus d’un peuple assurer le repos,