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Ah ! Ne pouvoir m’aimer ce n’est pas une offense
À mériter les maux qu’elle endure à mes yeux,
Et j’en ai trop été le prétexte odieux.
La princesse m’est chère, oui, seigneur, je l’adore.
Je l’ai dit mille fois ; je le répète encore :
Si j’en étois aimé, le soin de mon repos
Me rendroit redoutable au plus fier des rivaux.
Je soutiendrois mes droits au prix de mille vies,
Mais s’il faut renoncer aux douceurs infinies
D’un choix qu’avant ma flamme un autre a mérité,
Je ne veux rien tenir d’aucune autorité,
Rien ajouter au poids des fers d’une captive,
Si digne du haut rang dont le destin la prive,
Rien devoir, en un mot, à ses nouveaux malheurs.
Je respectois ses feux, je respecte ses pleurs.
Pour la dernière fois, enfin, je le déclare,
Je n’y prétends plus rien. Le sacrifice est rare !
Mais, nés pour commander, soyons dans nos projets,
Nous-mêmes, et nos rois et nos premiers sujets.
Je dis plus : cédât-elle au pouvoir qui l’opprime,
Et mon plus bel espoir devînt-il légitime,
(Ainsi qu’il est permis de s’en flatter encore)
Dès qu’elle a, par ma voix, demandé Léonor,
Léonor, de ma main, lui doit être amenée.
Vous avez malgré moi conclu notre hyménée ;
Je ne vous ai que trop secondé là-dessus :
Contentez-la, seigneur, ou ne me pressez plus.

christierne

Soyez donc satisfait, loin que je vous en presse,