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frédéric

J’aurois cru mériter que l’on me satisfît.

christierne

À son retour du temple on lui pourra complaire.

frédéric

Il s’agit d’une grâce, et non pas d’un salaire.
J’en crois faire une aussi quand je laisse espérer.

frédéric

Mais la princesse craint ; il faut la rassurer.

christierne

Sa crainte nous répond de son obéissance.
Léonor lui rendroit bientôt son arrogance ;
De leurs derniers adieux on sait l’emportement.
Souvent l’amour, d’ailleurs, se flatte aveuglément.
Le vôtre, un peu crédule et prompt à vous séduire,
A peut-être entendu plus qu’on n’a voulu dire.
Vous espérez beaucoup. Ne pourroit-on savoir
Les discours échappés d’où vous naît cet espoir ?

frédéric

Non, seigneur ; je vous crois : je l’ai mal entendue.
Tant de gloire, en effet, peut ne m’être pas due.
Je le veux ; mais en dois-je aimer moins l’équité,
Et, ne consultant qu’elle, être moins écouté ?
Sommes-nous plus en droit d’opprimer l’innocence ?