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Scène X


Frédéric, Adélaïde.

adélaïde

Seigneur, si vous m’aimez…

frédéric

Ne me reprochez rien,
Madame, cet amour se justifiera bien.
De votre hymen en vain la pompe se prépare :
Malheur à qui l’ordonne !… oui, puisque le barbare
Insulte à ma prière aussi bien qu’à vos pleurs,
Il est temps d’opposer fureurs contre fureurs.
L’honneur, votre repos, voilà ma loi suprême.
Je n’aurai pas pour rien triomphé de moi-même :
L’effort m’a trop coûté pour en perdre le fruit…
Madame, soyez libre, et partons cette nuit.
La flotte est toute à moi ; je disposerai d’elle.
La fortune, les vents, les cœurs, tout nous appelle.
Je n’ai que trop tardé. L’infortuné danois
Me reproche ses fers et l’oubli de mes droits.
Vos malheurs et les siens sont devenus mes crimes,
Pour un monstre abhorré ce sont trop de victimes.
Pouvant parler en maître, et las de supplier,
Cause de tant de maux, j’y dois remédier.
D’un si juste projet soyez l’heureux mobile ;
Où je retrouve un trône acceptez un asile,
Madame ; et que du soin qui m’anime pour vous
Renaisse enfin ma gloire et le bonheur de tous !