Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 2.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée
adélaïde

Non ; je vous connois trop pour vous donner des larmes.
Que n’a pas déjà fait, que ne peut votre bras ?
Et vos feux rassurés ne l’affaibliront pas :
Mais qu’à cet ennemi dont vous craignez la rage
Ma fuite laisse encore un précieux otage.

gustave

De le faire avertir il faut prendre le soin,
Madame ; quel est-il ?

adélaïde

Ce fidèle témoin
Près de qui s’instruiroit votre flamme jalouse,
Une tête aussi chère à vous qu’à votre épouse,
Votre mère.

gustave

Ma mère ? Eh quoi ! Ma mère vit ?

adélaïde

Dans les fers d’où je sors, seule elle me suivit,
Et près de moi resta tout ce temps inconnue ;
Mais enfin sa douleur ne s’est plus contenue,
Dès que de votre mort le bruit s’est confirmé :
De ce qu’elle est, par elle, on vient d’être informé ;
Et déjà dans la tour elle rentre peut-être.
J’aperçois