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Ah ! Qu’un moment plutôt mon amour offensé
À cette jalousie, injuste et criminelle,
Opposoit un témoin bien cher et bien fidèle !

gustave

Et qu’attester encore après ce que j’ai vu ?
Au fond de votre cœur l’heureux Gustave a lu.
Ne songeons qu’à l’exploit qui va me faire absoudre.
Cette nuit vous régnez : je vous venge ; et la foudre
Tombe sur Christierne avant qu’elle ait grondé.
Sans le soin de vos jours le coup eût moins tardé ;
Mais vous étiez, madame, à la merci d’un traître,
Qui, dans son désespoir, vous saisissant peut-être,
Le poignard, à nos yeux, levé sur votre sein,
Nous auroit arraché les armes de la main.
Nous-mêmes des fureurs désarmons la plus noire ;
Qu’il ne dispose pas du prix de la victoire.
Du peu de liberté qu’aujourd’hui l’on vous rend
L’usage est d’importance et l’avantage est grand.
Il en faut profiter. Sitôt que la nuit sombre
Sur ces lieux menacés épaissira son ombre,
Hâtez-vous de vous rendre au portique ici près,
Où l’élément glacé joint la rade au palais.
La valeur attend là votre auguste présence.
À l’instant mon triomphe et le vôtre commence ;
Et j’immole à vos yeux celui qui fit, aux siens,
Immoler les auteurs de vos jours et des miens…
Vous pleurez ! Doutez-vous du succès de mes armes ?