Gardes !
Scène V
Qu’oses-tu faire ? Est-ce là ma puissance ?
Vous servir, ce n’est pas manquer d’obéissance.
Adieu, madame, adieu. Ce triste éloignement
D’un trépas désiré hâtera le moment.
Le tyran m’offriroit une grâce inutile.
Entre mes bras encore il vous reste un asile.
Animés de l’excès des plus vives douleurs,
Ces foibles bras sauront vous disputer aux leurs…
Eh quoi ! Vous me laissez désolée et confuse ?
À mes embrassements ma mère se refuse ?
Que me reprochez-vous ?… eh bien ! Je les reçois,
Madame ; honorez-m’en pour la dernière fois.
Mais prenez dans les miens un peu de ma constance.
Ne vous oubliez pas jusqu’à la résistance.
Qu’espérer des efforts d’une tendre amitié ?
Est-il ici pour nous ni respect ni pitié ?
Et le sexe et le rang y sont sans privilèges.
Le sort nous abandonne à des mains sacrilèges.
Les désarmerez-vous par d’inutiles cris ?
À tant d’indignités opposons le mépris.