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Dans un rang trop commun c’étoit vous abaisser.
La fortune se sert de votre malheur même,
Pour vous ceindre le front d’un triple diadème ;
Mais c’est en exigeant le don de votre main,
Madame, et les autels sont parés pour demain.

léonor

De nos persécuteurs le ministre barbare
Leur a-t-il inspiré l’ordre qu’il nous déclare ?
Ou peut-il ignorer, s’il ne fait qu’obéir,
Qu’obéir aux tyrans, souvent c’est les trahir ?
Parlons à cœur ouvert, et laissez l’insolence
Qui, sous un beau semblant, masque la violence.
L’usurpateur a mis le comble à ses forfaits :
De leur fruit dangereux il veut jouir en paix ;
Et l’hymen qu’il oppose à la haine publique,
De ses pareils toujours fonda la politique.
Mais quel temps choisit-il pour en former les nœuds ?
Qu’il soit prudent, du moins, s’il n’est pas généreux.
Qu’insultant lâchement aux pleurs de la princesse,
Toute pudeur en lui, toute humanité cesse ;
Bravera-t-il un peuple encor mal asservi,
Idolâtre d’un sang dont on s’est assouvi,
Qui pour premier trophée, à cette horrible fête,
De Gustave égorgé verra porter la tête ?
Que ces restes sanglants, nos cris, notre fureur,
Soient au Néron du nord des sources de terreur !

rodolphe

Réprimez, Léonor, une audace inutile ;