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Ici par mon hymen quand j’aurai tout calmé,
Là bientôt par la peur tout sera désarmé.
Je te dispense enfin de ces marques de zèle.
J’adore Adélaïde, et je ne vois plus qu’elle.
Toi-même, qui l’as vue, à d’amoureux transports
Peux-tu, sans injustice, opposer tes efforts ?
Quel est donc mon pouvoir ? Maître de tant de charmes,
S’agira-t-il toujours de contraintes, d’alarmes,
D’obstacles, de délais, de mesure à garder ?
Il s’agit de mourir ou de la posséder.
Il n’est point de périls que l’amour ne dédaigne.
Différer est le seul aujourd’hui que je craigne.
Il me reste un rival qui s’est fait estimer ;
Si je perds un instant, il peut se faire aimer.

rodolphe

Reposez-vous, seigneur, sur ceux qui vous secondent,
Elle le verra peu : mes soins vous en répondent.
Je veillerai sur eux. Vous, si vous m’en croyez,
Ne précipitez rien. Daignez plaire ; essayez
D’écarter ce qui peut occuper sa pensée.
De quoi n’est pas capable une amante insensée ?
Voulez-vous…

christierne

Oui, Rodolphe, oui, telle est mon ardeur ;
Dût-elle entre mes bras signaler sa fureur,
Fût-ce à la perfidie allier la tendresse :
Et placer dans mon lit la haine vengeresse…
Mais de quoi s’alarmer au sein de la vertu ?