Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 2.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et j’ai cru lui pouvoir hasarder la promesse
De le rendre aujourd’hui, moi-même, à la princesse.

christierne

Voyons ce qu’il contient ; tu seras satisfait.
Je connois sa main ; donne… oui, c’est elle, en effet.

Il lit.

"Adieu, princesse infortunée !
La victoire n’est pas du plus juste parti :
Je vous servois ; je meurs. Telle est ma destinée ;
Et mon astre cruel ne s’est point démenti,
D’une félicité vainement attendue.
Si vous m’aimez encore, oubliez les douceurs.
Votre repos m’occupe au moment où je meurs :
Régnez ; je vous remets la foi qui m’étoit due.
Laissez-en désormais disposer les vainqueurs."

À Gustave, en lui rendant le billet.

Sors. Avant que le jour de ces lieux disparaisse,
Rodolphe te fera parler à la princesse.

gustave

Il me reste une grâce à vous demander.

christierne

Quoi ?

gustave

Que, par ménagement et pour elle et pour moi,
On ne m’annonce point comme auteur de sa perte,
Mais comme un simple ami dont la main s’est offerte…

christierne

Je t’entends. C’eût été le premier de mes soins.