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Du creux de nos rochers sortant sous ma conduite,
Amèneront l’alarme et le meurtre à ma suite.
Du carnage mon nom sera l’affreux signal.
Mais je veux m’assurer, avant l’instant fatal,
D’un salut dont le soin m’agiteroit sans cesse ;
Je veux de ce palais enlever ma princesse.
Dans ce dessein, qu’en vain tu n’approuverois pas,
Après avoir semé le bruit de mon trépas,
J’ose me présenter au tyran que je brave,
À titre de vainqueur du malheureux Gustave.
J’hésitois, je l’avoue, à m’y déterminer :
L’ombre de l’imposture a de quoi m’étonner ;
Mais songeons qu’il y va des jours d’Adélaïde,
Et croyons tout permis pour punir un perfide.

casimir

Eh ! Ne craignez-vous pas, seigneur, en vous montrant,
Du tyran soupçonneux le regard pénétrant ?

gustave

Non ; lorsque le barbare usa de violence,
Son ordre m’épargna l’horreur de sa présence,
Et rendu, par le temps, méconnoissable aux miens,
Je puis me présenter sans risque aux yeux des siens.
Mais quand pour m’introduire auprès de la princesse
Il ne me faut pas moins de courage et d’adresse,
Que personne (du moins tel est le bruit public)
Ne la voit, ne lui parle, excepté Frédéric,
Ami, j’y réfléchis : dis-moi, comment t’en croire ?
Sur quoi l’assures-tu fidèle à ma mémoire ?