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De vos secrets, seigneur, j’étois moi seul exclus,
Et de votre amitié vous ne m’honoriez plus ?

gustave

En entrant, tu l’as vu, sur un bruit qui t’offense,
J’évitois, je l’avoue, et craignois ta présence.
Christierne, dit-on, est devenu ton roi,
T’appelle à ses conseils et ne s’ouvre qu’à toi.

casimir

À tous beaux sentiments une âme inaccessible,
D’aucune confiance est-elle susceptible ?
Non, seigneur, non ; le traître, au crime abandonné,
Se croit de ses pareils toujours environné ;
Et s’il me distingua, ce ne fut qu’un caprice
Qui fut une faveur pour moi, moins qu’un supplice.
J’en soutenois l’affront ; mais le motif est beau :
Vos amis sans cela seroient tous au tombeau.
Je flattois, sans rougir, une injuste puissance,
Qui souvent à ma voix épargna l’innocence ;
Et vous devez, seigneur, à ce zèle, à ma foi
Ceux que vous avez crus plus fidèles que moi.

gustave

Pardonne, et désormais n’ayons l’âme occupée
Que du plaisir de voir mon erreur dissipée.
Je te retrouve stable et ferme en ton devoir ;
Tu me revois vivant et plein d’un bel espoir.
Dans le piège mortel je tiens enfin ma proie.
Conçois-tu, Casimir, mon audace et ma joie ?