Évite, si tu peux, le péril que tu cours :
Je ne t’imite point, lâche ! Défends tes jours.
Arrête, ouvre les yeux, Casimir ; envisage
L’ennemi qui t’aborde, et que ton zèle outrage.
Cet accueil pour Gustave est un accueil bien doux !
Que vois-je ? Quel prodige !… Ah ! Seigneur, est-ce vous ;
Vous de qui la Suède a pleuré la disgrâce ?
Parlons bas. Lève-toi, Casimir, et m’embrasse.
Je saurai dignement récompenser ta foi.
Moi-même, dans vos bras, à peine je m’en crois !…
Ma surprise est égale à ma frayeur extrême.
Vous vivant ! Vous ici ! Vous dans le palais même
D’un barbare qui va partout, l’or à la main,
Mendier contre vous le fer d’un assassin !
Je connois Christierne ; et sais où je m’expose ;
Sois tranquille : j’espère encor plus que je n’ose.
En vain la barbarie habite ce séjour,
Cher ami, si pour moi j’y retrouve l’amour.
Plus avant que jamais rentre en ma confidence…
Mais se peut-on parler ici sans imprudence ?