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Évite, si tu peux, le péril que tu cours :
Je ne t’imite point, lâche ! Défends tes jours.

gustave

Arrête, ouvre les yeux, Casimir ; envisage
L’ennemi qui t’aborde, et que ton zèle outrage.
Cet accueil pour Gustave est un accueil bien doux !

casimir

se jetant à ses pieds.

Que vois-je ? Quel prodige !… Ah ! Seigneur, est-ce vous ;
Vous de qui la Suède a pleuré la disgrâce ?

gustave

Parlons bas. Lève-toi, Casimir, et m’embrasse.
Je saurai dignement récompenser ta foi.

casimir

Moi-même, dans vos bras, à peine je m’en crois !…
Ma surprise est égale à ma frayeur extrême.
Vous vivant ! Vous ici ! Vous dans le palais même
D’un barbare qui va partout, l’or à la main,
Mendier contre vous le fer d’un assassin !

gustave

Je connois Christierne ; et sais où je m’expose ;
Sois tranquille : j’espère encor plus que je n’ose.
En vain la barbarie habite ce séjour,
Cher ami, si pour moi j’y retrouve l’amour.
Plus avant que jamais rentre en ma confidence…
Mais se peut-on parler ici sans imprudence ?