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Je ne m’en prends qu’aux soins du tyran qui l’accable.
Plus il veut mon bonheur, plus il me rend coupable :
À sa honte, à la mienne il veut être obéi ;
Et s’il me servoit moins, je serois moins haï.

casimir

Courez donc l’arracher d’auprès de la princesse,
Que sans doute pour vous en ce moment il presse.

frédéric

Et c’est là le sujet de mon emportement !
Je courois la rejoindre à son appartement,
Épancher à ses pieds et mon cœur et mes larmes,
Jurer de ne jamais attenter à ses charmes ;
Et là-dessus, du moins, la laisser sans effroi.
Christierne venoit de s’y rendre avant moi :
Et quand je veux l’y suivre on m’en défend l’entrée :
De douleur, de dépit je me sens l’âme outrée :
C’est trop mettre à l’épreuve un prince au désespoir,
Qui hors de l’équité méconnoît tout pouvoir,
Qui peut briser un joug qu’il s’imposa lui-même.
Je ne réponds de rien, blessé dans ce que j’aime :
Tant de méchancetés, d’injustices, de sang
Ne rappellent que trop Frédéric à son rang.

casimir

Remontez-y, seigneur, abattez qui vous brave :
Attaquez-le en un temps où le sang de Gustave,
Où le sang indigné de tant d’autres proscrits
Aux lieux d’où part la foudre a fait monter ses cris.