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Christierne triomphe en nous déshonorant.
L’inhumain ! Et je suis son sujet… lui mon maître !
Ah ! Laissant là les droits du sang qui m’a fait naître,
C’est un cri qui du ciel doit être autorisé :
Tout sceptre que l’on souille est un sceptre brisé.

casimir

L’infortune publique et ce noble langage
Montrent bien que le trône étoit votre partage.
Hélas ! Que plus d’ardeur en vous pour ce haut rang
Nous eût bien épargné des regrets et du sang !
Faut-il que la vertu modeste et magnanime
Néglige ainsi ses droits pour en armer le crime !

frédéric

Donne à mon indolence, ami, des noms moins beaux :
Je n’eus d’autres vertus que l’amour du repos.
Je ne méprisai point les droits de ma naissance,
J’évitai le fardeau de la toute-puissance.
Je cédai, sans effort, des honneurs dangereux,
Et le pénible soin de rendre un peuple heureux.
D’un noble dévouement je ne fus pas capable.
Des forfaits du tyran ma mollesse est coupable,
Et, pour mieux me charger de tous ceux qu’il commet,
Le cruel m’associe au comble qu’il y met.
Par un assassinat, qui tient lieu de victoire,
C’est peu que de son peuple il ait terni la gloire ;
C’est peu de publier qu’à cette cruauté
De mes feux malheureux l’intérêt l’a porté :