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Perce de cette cour l’obscurité perfide.
Sous ta garde, aujourd’hui, je mets Adélaïde.
Fais-la de sa prison passer en ce palais ;
Mais auprès d’elle encor n’accorde aucun accès.
Du sort de son amant gardons-nous de l’instruire.
Chargeons-en le rival à qui nous voulons nuire…
Va ; tâche seulement, lui peignant ma grandeur,
Tâche à la disposer à l’offre de mon cœur.


Scène II


christierne

Des faveurs que le ciel m’annonce ou me prépare,
Un si fidèle ami, sans doute, est la plus rare.
De mes exploits en vain je veux goûter le fruit :
La fortune me cherche, et le bonheur me fuit.
Sous le superbe dais des trônes que l’on vante,
Siègent les noirs soupçons et l’aveugle épouvante.
Un sommeil inquiet en suspend les travaux,
Et le trouble m’y suit jusqu’au sein du repos.
Quoi ! Pour objets de crainte ou de guerre éternelles
Des voisins ennemis, ou des sujets rebelles ?
J’ai dompté les premiers ; et les autres, cent fois
D’un sentiment sévère ont ressenti le poids.
Déjà, si je n’accours, l’hydre est prête à renaître…
Esclaves révoltés, tremblez sous votre maître ;
Redoutez un courroux trop souvent rallumé :
Traîtres, je serai craint si je ne suis aimé.