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Par un dernier assaut, cette ville emportée
Couvroit de ses débris la mer ensanglantée :
La vengeance y faisoit éclater sa fureur ;
Et le droit de la guerre y répandoit l’horreur.
Ce palais renfermant de nombreuses cohortes,
Nous y courons ; la hache en fait tomber les portes.
J’entre. On fuit devant nous. Le sang coule ; et nos cris
Font voler la terreur sous ces vastes lambris.
Mourante, entre les bras d’une femme éperdue,
Adélaïde alors fut offerte à ma vue.
Sa pâleur, à mon œil de colère enflammé,
Déroba mille appas qui m’auroient désarmé.
D’un mortel ennemi je ne vis que la fille,
Que le reste d’un sang funeste à ma famille :
Les armes de son père ont fait périr mon fils,
Et cette image alors fut tout ce que je vis.
De peur de trahir même un courroux légitime,
Je détournai les yeux de dessus la victime ;
Et ce courroux ainsi, libre dans son essor,
L’envoya dans la tour, où je la tiens encore.
À n’en sortir jamais elle étoit condamnée :
Mais on adore ici le sang dont elle est née.
Il étoit important de tout pacifier,
Et ce fut à ma haine à se sacrifier,
À souffrir que l’hymen unît à sa personne
L’héritier présomptif de ma triple couronne.
Frédéric, avoué de l’état et de moi,
Eut donc ordre d’aller lui présenter sa foi.
Il y fut. Le penchant suivit l’obéissance ;