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Les transports d’un amour vainement combattu,
Et d’autant plus ardent que toujours il s’est tu.

rodolphe

Tout le monde, en effet, seigneur, en est encore
À connoître l’objet que votre flamme honore.

christierne

Que ta surprise augmente en apprenant son nom.
Adélaïde…

rodolphe

Elle ?

christierne

Oui ; la fille de Sténon,
Héritière du trône, attachée à Gustave,
Promise à Frédéric, détenue en esclave,
Reste unique et plaintif d’un sang que j’ai versé :
Voilà d’où part, ami, le trait qui m’a percé.

rodolphe

Si sa possession, seigneur, vous est si chère,
Pourquoi permettre donc que Frédéric espère ?

christierne

Hélas ! Souvent ainsi, nous-même, contre nous,
Du sort qui nous poursuit nous préparons les coups.
Juste punition de la façon barbare
Dont ma rage accueillit une beauté si rare !
Écoute ; et plains un cœur qui n’a pu s’attendrir
Qu’après avoir tout fait pour n’oser plus s’offrir.