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petite discussion polémique qui peut être ne sera guère amusante pour tous les trois. Mais on doit je pense réponse publique, malgré qu’on en ait, à toute imputation publique ; et surtout lorsqu’elle existe, comme celle-ci, dans des écrits aussi dignes de passer à la postérité, que le sont ceux de l’auteur des "Mémoires d’un homme de qualité", et de "Manon Lescot".

Ce que je vois d’un peu plus fâcheux encore pour ce célèbre auteur, aussi bien que pour moi qui suis son partisan, et qui voudrois n’avoir qu’à le faire admirer en tout, c’est qu’en me forçant de me justifier, il me réduit à la nécessité de l’accuser et de la convaincre lui-même du propre plagiat qu’il me supposer. En effet, le sujet de cette scène intéressante qu’il revendique si hautement, ou l’ai-je trouvé ? Où l’ai-je pris ? Où naturellement je le devois trouver ; où j’avois tout droit de la prendre ; c’est l’Histoire des révolutions de Suède" ; c’est-à-dire, dans l’histoire même de mon héros qui y est comprise. Remarquons ensuite que cet ouvrage si connu et si digne de l’être, et fort antérieur aux "Mémoires d’une Homme de qualité" ; et de là nous conclurons que c’est sur l’auteur de ces mémoires, non sur moi, que retombe à plomb et que demeure imprimée la tâche du plagiat.

L’Histoire est ici ma source unique, authentique et légitime. Plus j’y prends, plus je suis en règle. Jetons les yeux sur les préfaces de Corneille et Racine, nous y verrons que moins ces grands maîtres ont substitué du leur dans un sujet pris de l’historien, plus ils s’en sont félicités. L’émotion effectivement naît plutôt du vrai que du faux. Plus donc le plan d’une tragédie