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Qu’ainsi que le refus, ce retour déshonore !
Lâches ! Qu’attendez-vous d’Angélique & de moi ?
Vous voulez, à l’envi, lui donner votre foi !
Armez donc votre front d’une audace nouvelle.
Savez-vous devant qui vous parlez ? Devant elle.
Voilà cette Angélique offerte à votre choix,
Et que vous offensez pour la seconde fois.
Flattez-vous maintenant d’un espoir légitime ;
Cherchez mon entremise, & briguez son estime.
Lorsque, dans ses malheurs, un père vous l’offroit,
Il falloit disputer alors à qui l’auroit !
D’appas & de vertus un si rare assemblage,
Serait de l’un de vous à présent le partage ;
Mais votre âme n’a pu jusques-là s’élever,
Quand pour vous, contre moi j’ai pu me soulever :
Car enfin, je l’aimois : elle y pouvoit répondre :

à Angélique.

(Pardonnez un aveu qui sert à les confondre.)
Oui, cruels ! En secret pour elle je brûlois
D’un véritable amour que je vous immolois.
Vos refus m’ont fait perdre un si grand sacrifice :
Qu’à jamais vos refus fassent votre supplice !
La nature sur elle a répandu ses dons ;
Et la fortune y joint les siens. Nous la perdons.
Triomphez du dépit qui s’élève en leur âme ;
Vous êtes bien vengée. Adieu, partez, madame !
Allez, loin des ingrats, vous choisir un époux,
Moins méprisable qu’eux, & plus digne de vous.