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GERONTE

Eh ! Je ne m’en doutois que trop dès le moment
Où j’ai paru vous fuir si précipitamment.
Sur mon état présent leur silence funeste
Ne m’avoit que trop fait pressentir tout le reste.
Triomphez de la honte, insultez au malheur
D’un insensé que rien n’avoit tiré d’erreur.

CHRISALDE

Il faudroit de vos fils avoir la barbarie.
Je viens, dans ce malheur qui nous réconcilie,
En reproches contre eux avec vous m’exhaler ;
Vous plaindre ; et, s’il se peut encor, vous consoler.

GERONTE

Reste d’un cher ami, déplorable Angélique,
Si des ingrats du moins j’étois victime unique !
Mais le comble des maux où je me vois plonger,
C’est que votre jeunesse ait à les partager !

CHRISALDE

Reposez-vous sur moi : je me dois, en bon frère,
Ressentir des bontés qu’avoit pour vous son père.

GERONTE

Pour l’amour de moi donc, daignez la secourir !
Ne prenez soin que d’elle, & me laissez périr.

GRÉGOIRE

Vivat ! Ardé, monsieu, point de mirancolie !
Al est temps de vous dire…