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GERONTE

J’ai deux mots à vous dire,
Qui l’intéressent plus qu’un si léger devoir.
Restez.


Scène VII

GERONTE, DAMIS, VALÈRE, ÉRASTE.

GERONTE

Et commençons, mes fils, par nous rasseoir.
Ce que je vous disois de la reconnoissance,
Ne concernoit que moi, qui suis dans l’impuissance
De payer des bienfaits que jadis j’ai reçus ;
À des fils vertueux j’ai recours là-dessus.
Je ne vous ferai point de leçon fatigante,
Sur ce que nous devons au généreux Argante ;
Je tiens de lui la vie & les heureux moyens
Qui m’ont fait acquérir pour vous d’assez grands biens.
Nous en avons reçu mille autres bons offices,
Sans les avoir jamais payés d’aucun service :
La fortune, longtemps constante en sa faveur,
A refusé toujours ce plaisir à mon cœur.
Elle ne s’est que trop tout-à-coup démentie,
Lui ravissant ensemble & les biens & la vie,
Et le plaisir touchant, la rare volupté
De trouver un ami dans son adversité ;