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Scène III

GERONTE, ANGÉLIQUE, PASQUIN.

GERONTE

Mes fils sont au jardin : Pasquin, dis-leur qu’ils viennent.
Et vous, dont l’intérêt m’occupe de ce soin,
De ma félicité daignez être témoin,
Angélique. à mon sort, plus qu’au vôtre, attentive,
Vous venez de montrer la pitié la plus vive ;
Je vais d’un père aimé sentir tout le bonheur ;
Partagez-en, de grâce, avec moi, la douceur.

ANGÉLIQUE

Ainsi je vous oppose en vain la répugnance
Que j’ai d’embarrasser ici de ma présence.

GERONTE

Oui ; j’exige ce prix de mes soins empressés.
Mes fils & votre cœur y sont intéressés.
Et pour vous & pour eux, soyez-y donc présente.
Vous craignez, je le vois, qu’on ne les violente ;
Qu’en se donnant à vous, leur propre volonté
N’agisse moins sur eux, que mon autorité.
Vous voulez un époux qui soit charmé de l’être.
Leurs cœurs, à découvert, devant vous, vont paroître.
Vous allez, avec moi, les voir & les ouïr
Se disputer, entre eux, le plaisir d’obéir.