Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 1.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée

Scène V

GERONTE, PASQUIN.

GERONTE

Pitié, soit ! Eh ! Mon dieu ! Quand j’écoute mon frère,
Il est beau raisonneur : mais a-t-il été père ?
Peut-être ai-je trop fait ; et, pour faire encor pis,
Tel qui m’ose blâmer, n’a besoin que d’un fils.

PASQUIN

Pour les vôtres aussi, c’est folie, à votre âge,
D’aller vous confiner au fond d’un ermitage.
Quel parti prenez-vous, pour un homme d’esprit ?
Le diable étoit plus vieux que vous quand il le prit.
Pour trois enfants gâtés, votre tendre manie,
Tout jeune, vous sevra des douceurs de la vie ;
Et veuf à vingt-cinq ans, rare & fidèle époux,
Votre femme, en mourant, vous enterra chez vous.
Ressuscitez ! Vivez ! Je veux, tel que vous êtes,
Vous voir, à vos muguets, enlever des conquêtes.
Qu’est-ce, de notre temps, qu’un jeune homme en effet ?
Une frêle poupée, un fat, un freluquet
Un débile Adonis, un valétudinaire,
Avant trente ans, déjà presque sexagénaire.
Vous en débusquerez !

GERONTE

Ah ! Tu ne conçois pas