Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 1.djvu/233

Cette page n’a pas encore été corrigée

Je crois tout ce que d’eux vous voulez que je croie.
Ordonner, ou souffrir du moins qu’on vous renvoie,
Cela s’appelle (oui-da) des fils très obligeants.

GERONTE

Ce pourroit être aussi la faute de leurs gens.

CHRISALDE

L’étrange entêtement en faveur de ces traîtres !
L’impudence des gens vient de celle des maîtres ;
Du maître, quel qu’il soit, peu, beaucoup, ou zéro,
Le valet fut toujours & le singe & l’écho ;
Vos fils, par vous comblés des biens de la fortune,
En trouvent aujourd’hui l’origine importune ;
Et, n’espérant plus rien de vous quand vous venez,
Vous font effrontément fermer la porte au nez.
C’est bien fait. Je m’attends que demain, l’un ou l’autre
Vous dira de sortir, & de passer la vôtre.
J’enrage, quand je vois que l’on s’aveugle ainsi ;
Et je perds patience !

GERONTE

Oh ! Je la perds aussi…

CHRISALDE

Brisons-là. Finissons un débat inutile,
Qui ne feroit qu’en vain nous échauffer la bile.
Et songez seulement à quoi votre bon coeur
Vient de vous engager de parole & d’honneur.
Avec vos fils enfin soyez ferme & sévère :
Joignez la voix du maître à la bonté du père ;