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ACTE II



Scène I


PASQUIN, seul

Je n’ai rien avancé, que bientôt je ne fasse.
Où j’ose, à la soubrette, un peu mentir en face,
C’est quand, de pauvre enfant d’un simple laboureur,
La vanité m’érige en fils de procureur.
Mais cela n’est pourtant pas trop bien, quand j’y pense,
De méconnoître ainsi l’auteur de sa naissance.
Le méconnoître ! Non : pourquoi donc, s’il vous plaît ?
Je le fais seulement plus gros seigneur qu’il n’est.
La peccadille est mince ; & je me la pardonne.
Fureur d’en imposer, ridicule où l’on donne
Dans l’état de marquis, ainsi que dans le mien.
Et puis j’aime à mentir ; cela me fait du bien.
Mon père, par malheur, va paroître ; & je tremble
Que lui, Nérine & moi, nous nous trouvions ensemble.
Mais j’aperçois mon maître. à la mine qu’il fait,
De ses pas, à coup sûr, il est peu satisfait.