Page:Piron - Œuvres complettes, 1776, tome 1.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée
NÉRINE

Tu m’aimes ?

PASQUIN

T’y voilà.

NÉRINE

Je n’en fais point la fine :
Je t’aime aussi.

PASQUIN

Quoi ! Tu…

NÉRINE, se rengorgeant

Point d’incrédulité.
Cet aveu coûte trop, pour être répété.

PASQUIN

Ma foi ! J’ai bien aimé des filles en ma vie ;
Mais pas une, à mes yeux, n’a paru si jolie.

NÉRINE, reprenant l’air aisé

J’ai bien eu des amants ; mille d’entre eux m’ont plu ;
Mais je ne m’en remets pas un qui t’ait valu.

PASQUIN, se redressant à son tour

Je le crois. Entre ceux qui cherchoient à te plaire,
Tu ne pouvois choisir qu’un valet ordinaire,
Un valet né pour l’être : et, sans faire le fat,
Je suis bien au-dessus de ceux de mon état.
J’ai, par libertinage, endossé la mandille :
Mais je n’en suis pas moins un enfant de famille,